Le « manger mieux et bouger plus pour une meilleure santé » préconisé par le ministère de la Santé et de la Prévention pourrait passer pour une lapalissade. Pourtant, cette recommandation n’est pas une évidence pour une partie non négligeable de notre population. Témoins, ces chiffres alarmants : près d’une personne sur deux s’estime en surpoids dans notre pays et 17% (à comparer aux 5,31% de 1981) d’entre elles souffrent d’obésité.
Le sujet est d’importance. La malbouffe coûte en effet un pognon de dingue à l’Assurance maladie : « Plus de 20 milliards d’euros chaque année, juste pour l’obésité et le surpoids, confiait il y a peu Nadia Ziane, directrice du département consommation de l’association Familles rurales, au site d’information en ligne Reporterre, et celà pour la prise en charge de pathologies – diabète, cancer, dépression, hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires, etc – qu’on aurait pu éviter en s’alimentant plus sainement. »
Le message « cinq fruits et légumes par jour », pourtant bien connu du public, ne semble pas avoir atteint sa cible si l’on en croit l’étude du Crédoc de 2019 selon laquelle : « seuls 32% des adultes et 10% des enfants en consomment réellement. » La situation est très préoccupante lorsque l’on sait que l’alimentation est aujourd’hui la première cause de mortalité dans le monde. Nous devrions donc nous montrer d’une vigilance extrême sur notre manière de nous nourrir. Il en va de notre santé. Mais l’inflation galopante du moment sur les produits d’épicerie et du frais en libre-service (environ +14%) n’incite pas vraiment à une pratique vertueuse. L’alimentation est devenue, avec ces augmentations de prix, le deuxième poste de dépense des ménages et celui sur lequel, malheureusement, sont faits les arbitrages. Et pour les plus précaires, la situation s’avère de plus en plus délicate. Il manquerait en effet, toujours selon Reporterre, 65 euros par mois à neuf millions de Français vivant au niveau ou sous le seuil de pauvreté pour se payer le panier moyen pour quatre personnes recommandé par le Programme national nutrition santé. Panier qui est estimé à 477 euros par mois. Familles rurales a d’ailleurs récemment demandé dans une lettre ouverte au ministre de la santé et de la prévention François Braune la mise en place d’un chèque alimentaire de 65 euros à destination des plus modestes. Demande restée, pour l’instant, sans réponse.
Manger sainement devrait pourtant être accessible à toutes et à tous, quelque soit notre âge et quels que soient nos moyens. De bonnes pratiques à coûts maîtrisés existent bien : tout d’abord éviter les produits transformés de l’agroalimentaire et les boissons sucrées; privilégier nos achats de légumineuses et légumes notamment, en circuit court et local, voire en bio; consommer moins de viande mais de meilleure qualité… Cela implique de prendre du temps pour cuisiner, ce qui n’est pas toujours facile, mais l’enjeu est, répétons-le, de première importance.