Jacques Bouget et ses 21 hectares de futaies : « Pour la chasse au début, pour la nature depuis »

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Les fines branches des éclaircies ? Ça fera des fagots pour le tantad de Guingamp ! 

Mais qu’est-ce qui motive Jacques Bouget, depuis 37 ans, à planter, tailler, chérir ses 21 ha de futaies et taillis ? La rentabilité ? Bof. Le gibier ? Plus vraiment. Les subventions ? Pas trop. Alors quoi ?

En 1983, Jacques décide de racheter 6 ha de terres familiales, « pour obtenir un droit de chasse », se souvient-il. Finalement, il consulte son oncle, régisseur en forêt de Beffou, qui lui conseille de planter. Un hectare d’épicéas, à pousse rapide. C’était tendance alors. Puis trois d’autres essences, car Il fallait alors 4 ha minimum pour être aidé. Une aide conséquente : 6 600 plants de hêtres.
« Les souris m’en ont mangé, les chevreuils en ont abîmé, j’ai dû replanter. Et puis c’est un sacré travail si on veut du résultat… » A l’époque, Jacques travaille à Paris, revient chaque week-end. Car il ne suffit pas de planter, il faut tailler pour avoir un fût d’au moins 6 m à terme. « Je les ai plantés serrés pour qu’ils poussent droit, vers la lumière, mais, après 15 ans, il faut éclaircir. C’est un crève-cœur », se désole-t-il en montrant des troncs parfaits promis à la tronçonneuse parce qu’un autre plus beau encore est trop près. Sur 6 600, il en reste 2 000 ; et 300 à terme. Mais 300 de choix ! Grâce, selon lui, aux conseils du CRPF (voir lien page 6).
Infatigable, Jacques achète ensuite une dizaine d’hectares qu’il plante de chênes, châtaigniers, peupliers, puis 7,5 ha d’un bois laissé à l’abandon par une modiste parisienne et son peu courageux de mari ; et enfin 1 ha de lande tourbeuse.
« Celle-là je n’y toucherai pas, promet ce président de la société de chasse. Il faut laisser des espaces sauvages ». D’ailleurs les salamandres pullulent, très bon indicateur de biodiversité.
La chasse, sa motivation ? « Ça l’a été, mais plus aujourd’hui. » Alors l’espoir du gain ? « Je serai mort quand ce sera rentable. Non, je travaille pour l’avenir. Si chacun plantait son petit hectare, on résoudrait une grosse partie du problème climatique. »

Ce que ça va devenir ?
Sans descendance, Jacques ne sait ce que deviendront ses 21 ha de bois après lui. Dans l’idéal, il souhaiterait les céder à une association de protection de nature qui saurait faire perdurer l’équilibre actuel : entretien, exploitation de bois d’œuvre, de chauffage, réserve de chasse, écosystème préservé. (Contacter lucrodaro777@gmail.com qui transmettra.)