Humoristes à Plaintel : Y aurait-y pas un vivier ?

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Chez Chandemerle, le comique ne doit pas faire oublier un registre de voix extraordinaire (homme ou femme). Photo Pascal Le Coz

Le Chandemerle a fait des émules

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S’il n’est pas le premier à avoir fait marrer le bourg, Laurent Chandemerle est le premier à avoir connu une célébrité nationale, notamment par ses interventions chez Patrick Sébastien. Rencontre avec un chanteur-imitateur phénomène, qui n’a pas la grosse tête et sait mettre les autres en valeur.

C’est à l’école que Laurent découvre ses dons d’imitateur.  » En CM1, le maître Camille Le Vail nous laissait faire des sketches, le samedi, mes deux copains et moi. » Sauf qu’un jour il leur demande de se produire devant toute l’école. Avec son talent pour imiter de Funès, Laurent déclenche déjà l’hilarité.
Une réputation qui grandit au fil des ans avec de nouveaux modèles : Coluche, les hommes politiques… « J’étais timide mais faire rire me faisait franchir le pas. » Ses caricatures de figures locales font aussi un tabac : mamies hargneuses ou voisin toujours prêt à boire un canon ou sortir le fusil, comme Louis Taoh du bourg, en bottes, casquette et cote bleue.
Musicien autodidacte, Laurent anime des fêtes, glissant un sketch entre deux morceaux. En 89 Jacques Le Souder, figure locale haute en couleurs, lui propose un radio-crochet devant 700 personnes. Chansons, sketches, imitations… La mayonnaise prend. A 23 ans son nom attire les foules. Entre deux parodies à usage local, ses medleys de Serge Lama, Renaud, Dutronc… confirment des qualités vocales peu communes. Il a déjà 130 voix à son actif et travaille ses parodies sans relâche.
A son insu, son ami Jérôme Thomas envoie une cassette à Laurent Ruquier, alors aux commandes de Rien à Cirer. Epaté, l’animateur appelle « Chanchan », fait des émissions avec lui avant que le Plaintelais ne renonce : « J’étais jeune, je stressais. Remplacer Laurent Gerra au pied levé, c’est pas donné. »
Puis Laurent Boyer l’appelle. Par trois fois Chandemerle remporte Graines de Stars. Il est contacté par les Guignols puis par Patrick Sébastien qui l’invite à faire des tests pour Le Plus Grand Cabaret : Dubosc, Delarue, Jamel…
 » Il m’a dit : Putain, c’est génial ce que tu fais, on enregistre mercredi !  » Chandemerle devient l’invité récurrent de l’émission puis des Années Bonheur, entre 2008 et 2012. C’est en y croisant Daniel Prévost, son imité vedette, qu’il est introduit auprès des producteurs des Contes et Légendes de Maupassant, sur France 2. Un rôle « sérieux » qui révèle, en plus du reste, ses dons de comédien.
Laurent poursuit sa carrière d’acteur : Terre de Sang et Entre nous deux, de Nicolas Guillou.
Et il vient de terminer Le Réseau Shelburn. Incarner tour à tour un héros de la Résistance et Louis Taoh du Bourg n’est pas le premier (ni le dernier) grand écart auquel il est confronté. Le choc des genres, il connaît !

Chandemerle :
Un pied à Paris, l’autre à Plaintel

 

 

C’est vrai que ça aurait été plus simple s’il était resté à Paris. Les émissions quotidiennes qu’on lui proposait, ses tournées dans les cabarets… Chaque fois, on lui demandait : « Tu es sur Paris? » Ben pas vraiment justement, car Laurent est TRES attaché à sa Bretagne. Sa jolie famille, sa jolie maison à Plaintel, ses bons copains, il y tient… Et puis il a créé le festival Armor de Rire, chaque automne à Saint-Brieuc, qui mêle artistes reconnus (dont lui-même) et talents prometteurs. Outre soigner son succès, il aime concourir à celui des autres. (voir article sur M.A Le Bret, ci-contre). Entre deux galas en France, Laurent est toujours le bienvenu chez Patrick Sébastien. «Un passage chez lui, ça vaut six mois de cabarets pour la renommée.» C’est aussi grâce à lui que je peux rester à Plaintel le plus souvent. »

Marc-Antoine Le Bret,
la seconde vague

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Le nouveau chouchou des radios et télévisions est au top des imitateurs nationaux. Le Bret n’oublie pas qu’il a été coaché et mis en selle par son aîné Chandemerle. Ce dernier n’a pas ménagé sa peine pour faire émerger son « dauphin ».

« Un jour, se rappelle Laurent, mon neveu alors en 3ème m’a demandé si son copain Marc-Antoine pouvait venir faire un exposé. Il m’a dit qu’il faisait du « Laurent Gerra ». Je lui ai conseillé de changer ou d’arrêter. L’imitateur n’est pas un perroquet, il doit trouver sa voie propre. »
Ce conseil a dû porter. Quelques années plus tard, les voix sont travaillées, les parodies originales. Marc-Antoine invite de plus en plus souvent son aîné à l’apéro chez lui, pour des conseils. Visiblement, le succès de Laurent lui titille l’ambition.
« En 2011, comme je le voyais progresser, reprend Laurent, et que j’étais alors aux Années Bonheur, je me suis dit: «ça serait quand même pas mal de faire un duo de Plaintelais dans l’émission. Patrick a accepté mais je n’ai dévoilé le truc à Marc qu’au dernier moment…»
Succès sur scène pour le parrain et son dauphin qui enchaîne Lagerfeld, Van Damme, Bouvard etc. avec brio, répartie et surtout une aisance réservée aux plus pros, étonnante dans un corps si jeune. Le décollage est immédiat : Les Guignols l’intègrent dans leur équipe. A Europe 1, il renvoie quotidiennement la réplique à Anaïs Petit, accompagne puis remplace Morandini, enfin côtoie Hanouna. A France 2, il chronique chez Ruquier dans On n’est pas couché. Sur D8, il retrouve Hanouna dans Touche pas à mon Poste et, depuis août, intervient le matin sur RFM. Bref, on se l’arrache.
Pas facile de rentrer à Plaintel avec un tel programme, sans compter ses tournées. « Je lui ai conseillé dès le départ de s’installer à Paris, dit Laurent. Il était libre, il a bien fait. » Autre différence entre les deux, Marc-Antoine ne fait ni les chanteurs ni les politiques.

Faramus, magicien «flou»
(et patoisant)

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Lui n’est pas natif de Plaintel, il y habite seulement, mais y est si bien implanté que les gens croient qu’il parle gallo. En fait c’est du ch’ti. Faramus est de Lille. Un ch’ti light que tout le monde comprend. Cela fait 20 ans qu’il pratique une magie populaire et humoristique. « Et ceux qui n’aiment pas la magie restent pour l’humour. »
Ses inspirations dans le domaine sont Devos, Coluche, Lagaf. Pour ses tours, il mêle apparitions de colombes, disparitions d’objets, mentalisme, patois, réparties piquantes (mais jamais méchantes) et fait participer le public au maximum. Dans ce tourbillon de mots, de blagues, de prestidigitations, on n’a pas le temps de s’ennuyer.
www.faramus.net

3 Plaintelais pour 2 minutes de rire par jour

Mickey, Laurent Chandemerle, Jacques Le Souder : l'esprit potache des débuts n'est pas mort ! (Collection : Jacques Le Souder)
Mickey, Laurent Chandemerle, Jacques Le Souder : l’esprit potache des débuts n’est pas mort ! (Collection : Jacques Le Souder)

 

Du lundi au vendredi, à 8 h 10 sur Radio Breizh Izel, 7 h 11 sur Armorique, le Journal des Bonnes Nouvelles revoit et corrige l’actualité locale ou nationale. Chandemerle y commente les Victoires de la Musique avec M et Louis Taoh, les résultats de foot avec Domenec’h, l’élection de Miss Univers avec Mme de Fontenay, une découverte médicale avec Michel Cymes… Toujours avec sa verve et ses multiples voix. Sur des textes de ses vieux complices plaintelais, Jacques le Souder et Gregory Nicolas, il détourne à sa façon inimitable tout ce qui passe par le crible de leur esprit critique, tordu (et souvent tordant). Un petit régal que l’on peut déguster en ligne et sans modération.
www.francebleu.fr/emissions/le-journal-des-bonnes-nouvelles/breizh-izel