L’âme du Trégor existe, Madame Yvonne l’a photographiée !

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1937

Mieux qu’un cours d’histoire, une plongée dans l’intimité de nos ancêtres. 40 ans durant, Yvonne Kerdudo a sillonné la campagne de Plouaret à vélo et saisi les mille facettes de ses habitants. 20.000 clichés dormant dans un grenier que la Cie Papier-Théâtre a ressuscités.

L’histoire commence par un cliché : une jeune bretonne fin XIXe partie chercher du travail à Paris. La banalité s’arrête là, car Yvonne est « une sacrée nana « .
Très tôt, elle s’intéresse à la photographie, un art encore réservé à une élite (masculine, qui plus est), s’initie auprès des frères Lumière et décide d’en faire sa vie. De plus, Yvonne a divorcé deux fois. Une sacrée nana pour l’époque, on vous dit.
Revenue à Plouaret, elle monte son studio photo, seule. De 1913 à 1952, sur son vélo elle répond dans un rayon de 40 km autour de Plouaret à toute demande de photos officielles: mariage, enterrement (même d’enfants sur leur lit de mort), départ de conscrits… Mais aussi de vie quotidienne : travail au champ, chasse, égorgement du cochon, goudronnage du chemin, passage du bouilleur de cru, de musiciens ou théâtres ambulants…
Avec son éternelle robe noire et ses appareils en bandoulière, elle est une des personnes ayant le plus fixé petits et grands moments de la vie des « gens de peu », ainsi que les métamorphoses du Trégor.
« Elle développait les photos chez elle, rinçait ses plaques à l’eau du ruisseau, » raconte Pascale Laronze, responsable du fonds photographique Le Vélo Photo de Mme Yvonne. Un fonds qui a bien failli disparaître car, à sa mort en 1954, les clichés d’Yvonne ont été remisés au grenier à la seule discrétion de la poussière, puis totalement oubliés.
En 2001, Pascale Laronze qui venait de monter la Cie Papier Théâtre à Vieux-Marché, entend parler du personnage et se met en quête des photos.
En 2005, la nièce d’Yvonne consent à céder à l’association 13.000 plaques (dont la moitié doubles), soit 20.000 prises de vue. Depuis dix ans, un travail de fourmi occupe une douzaine de bénévoles : nettoyer, numériser et maintenant identifier le tout. Colossal ! «C’est une aventure à la fois humaine, artistique, historique, mémorielle, culturelle et… titanesque», estime Pascale.
A ce jour, 5.000 photos ont été identifiées. Grâce aux expos itinérantes, à la parution hebdomadaire dans Le Trégor, au fonds consultable sur place, toutes les mémoires sont conviées à s’attaquer aux 15.000 autres. Notamment le mardi, sur place. (Affaire à suivre…)

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Le fonds Vélo Photo de Madame Yvonne
est visible le mardi de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h, hors vacances scolaires,
1 Hent ar Puns, Vieux-Marché. 02 96 38 93 07