Onze ans d’existence, des racines dans le monde entier et la tête toujours dans les étoiles. Pourtant, Galapiat Cirque se cherche un port d’attache. Entretien avec Sébastien Armengol, l’un des fondateurs.
Comment a débuté l’aventure ?
A l’école de Châlons-en-Champagne (l’une des premières écoles de cirque à l’époque), on était six à avoir le même rêve : refaire avec chapiteau le tour d’Amérique Latine que le Che avait fait à moto. Ce rêve, on ne l’a réalisé qu’en 2011 et ça n’a duré que trois mois, entre le Chili et l’Argentine. Ça ne nous a pas enrichis, sinon en expériences sociales, affectives, circassiennes. Mais ça a été un vrai voyage initiatique.
Et entre temps ?
Entre l’école et l’Amérique, on a créé notre 1er spectacle, Risque Zér0, qu’on a fait tourner six ans en Europe, de la Norvège au Portugal, de la Hongrie au Danemark… et en France. On était appelés un peu partout. En plus de nous six, il y avait nos administrateurs, techniciens et familles. Dans notre tournée en Europe de l’est, notre fils n’avait que 6 semaines…
Et aujourd’hui ?
On est une quarantaine d’associés : administrateurs, techniciens, communicants, illustrateurs… Et artistes bien sûr : musiciens, acrobates sur bascule ou au sol, trapézistes, jongleurs (massues, couteaux…), et même un « mât-chiniste » (qui grimpe au mât chinois)… Du spectaculaire empreint de poésie et d’un certain décalage. Risque Zér0, notre spectacle fédérateur est une palette de numéros indépendants, qu’on joue seul ou à plusieurs. Le lien, c’est la musique qu’on pratique tous. Ce qui nous distingue aussi, c’est le côté rebelle. « Galapiat » ça veut dire « sale gosse », ça nous va bien, et à notre musique aussi. Du rock mais pas seulement. Depuis d’autres spectacles sont « portés » par Galapiat Cirque (voir éclairage).
Où sont vos racines ?
De partout ! Moïse et moi on est du sud, Elice est mexico-finlandaise, l’autre Seb est polonais, Lucho est hollandais, Jonas est de Langueux… C’est lui qui a attiré tout le monde ici. On est venu y jouer notre festival Tant qu’il y aura des mouettes en 2008. Le maire de Langueux nous a proposé de nous y installer provisoirement. C’est là, entre autres qu’on expérimente et qu’on mène des actions pédagogiques.
Et rester à Langueux à l’année ?
On aurait aimé mais c’est impossible maintenant. D’ailleurs on cherche un port d’attache entre Guingamp et le Trégor. Poser les chapiteaux, avoir de quoi stocker le matériel… Créer une dynamique artistique, sociale, conviviale à l’année. Ce serait bon pour nous et pour le lieu d’accueil. Même si les Galapiats sont de partout, y en a quand même pas mal à être devenus Bretons, voire Trégorrois. Croisons les doigts.
Spectacles essaimés par Galapiat :
Le collectif propose aussi des spectacles initiés par chacun des artistes.
BOI : l’un rebondit, l’autre joue de la musique, les deux boivent et évoluent entre bouts de bois, musique, hache et alcool. Capilotractées : l’une est fildefériste, l’autre trapéziste. La suspension par les cheveux est leur mode d’expression. Château Descartes : cinq héros remettent en cause le cadre imposé par l’école et ses répercussions sur leurs vies. Marathon évoque l’acharnement en solo contre la fatigue du corps poussée à l’extrême. Mad in Finland : 7 circassiennes finlandaises livrent avec humour, acrobaties et énergie leur pays tel qu’elles le voient ou le rêvent. Parasites est un cri d’amour à la vie et à ses écarts, en partie sur mât chinois. C’est quand qu’on va où !? est un conte anecdotique, acrobatique et musical retraçant la vie de 4 personnages nés dans des familles de cirque.
galapiat-cirque.fr/c14-Spectacles
Tant qu’il y aura des Mouettes
Le but du festival, reconduit 8 fois en 10 ans, fin avril à Langueux, est de présenter au public des artistes croisés en chemin, ou des anciens de l’école. C’est aussi « une rencontre entre cirque et musique, artistes et passants, bénévoles et voisins; entre fous et sages, chiens et loups ; entre bazar, odeurs et étoiles ». Le cirque profite des installations du Grand-Pré, de ses salles pour les spectacles en frontal, de sa cuisine pour nourrir tout le monde, et d’un espace face à la mer pour poser les trois chapiteaux.
galapiat-cirque.fr/c5-Tant-quil-y-aura-des-mouettes
Les photos, suberbes, sont de Sébastien Armengol (DR).