La ceinture sauvée du feu : tissu de mensonge ou vrai miracle ?

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La découverte de la ceinture intacte parmi les cendres.

On n’en connaît pas l’origine exacte, mais la relique dite « ceinture de la Vierge » de Quintin semble avoir résisté à de multiples accidents et dégradations. Et même à la vague de scepticisme qui déferla au XVIIe. Petits arrangements avec la vérité ou vrai prodige ?

Il s’agirait selon la tradition d’une portion de la « ceinture de la Vierge Marie », rapportée en 1252 par Geoffroy Botherel, seigneur de Quintin parti avec Louis IX à la septième croisade. Une ceinture que lui aurait donnée Robert de Saintonge, alors patriarche de Jérusalem.
On connaît le trafic de reliques que connut le Moyen-âge. Afin d’attirer les richesses des fidèles, certains notables avaient tendance à attribuer un peu vite des ossements ou vêtements communs à des saints locaux. A les en croire, saint Yves aurait eu trois ou quatre fémurs, et la Vierge Marie des voiles par centaines.
Mais il y a aussi le suaire de Turin, que l’Eglise elle-même tenait pour faux et que les plus récentes analyses (faites par des athées) authentifient comme « d’origine palestinienne et de l’époque du Christ ».
Toujours est-il que la ceinture de Quintin protégée dans la collégiale a résisté aux différents vols et aux guerres de la Ligue. Et surtout à l’incendie du 8 janvier 1600. Un poêle en surchauffe enflamma la Trésorerie de la collégiale. Les braises étaient encore incandescentes une semaine après, ayant fondu tous les objets de culte en métal. Le 18, on retrouva la serrure du coffret contenant la ceinture, preuve que tout avait fondu. Tout ? Non, car un certain Julien Pichon retrouva dans les cendres le fragment de ceinture intact, à peine roussi à un bout. « A cette vue, dit-il, mes cheveux se dressèrent sur ma tête, tant je fus étonné par la grandeur du miracle ! »
Diverses enquêtes eurent lieu en 1611. Les témoins du « miracle » attestèrent de son authenticité. Des processions eurent lieu dans la ville et des guérisons soudaines furent attribuées à l’étoffe en question.
Quelques-uns suggèrent qu’on aurait pu glisser un fac-similé dans les cendres au dernier moment. D’autres rétorquent qu’il était impossible d’en refaire un si semblable en si peu de temps. Alors, le « miracle de 1600 », tissu de mensonge ou vrai prodige ?

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