Le gallo a son institut ou la fierté retrouvée des gallésants

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Créer un comité d'expertise en terminologie et traduction ainsi qu'un observatoire des pratiques de la langue et professionnaliser le secteur : tels sont les projets de l'Institut du galo.

Depuis 2016, le gallo possède son institut. Sa mission : faciliter autant que possible l’accès à cette langue de Haute-Bretagne, lui donner une véritable représentation dans l’espace public et en faire une actrice à part entière de la politique linguistique bretonne.

Confortablement installé dans sa maison à ossature bois d’Iffendic qui fait bien souvent office de bureau ces derniers temps, Jerom Bouthier ne ménage pas sa peine pour faire avancer la cause de la langue gallèse.
« Il faut d’abord lutter contre les préjugés, dit-il. Car il s’agit bien d’une langue, avec sa grammaire et sa syntaxe. Les premières traces écrites du gallo apparaissent d’ailleurs dès le XIIe siècle. »
Jerom est l’actuel coordinateur de l’Institut du Galo créé il y a cinq ans dans le but de promouvoir et de valoriser cette langue romane.
Pour mener à bien ces objectifs, lui et ses collègues de l’Institut ont choisi de se concentrer sur trois points essentiels : développer la transmission, animer la charte Du Galo, dam Yan, dam vèr !* et favoriser la place du gallo dans l’espace public.
Et il y a urgence car, ici aussi, les locuteurs se font de plus en plus rares. On parle aujourd’hui de moins 200 000 personnes.
« Nous constatons qu’il n’y a plus de transmission dans les familles. Alors, nous proposons et soutenons des formations pour adultes, des ateliers de conversation et l’apprentissage à l’école primaire. 750 enfants, répartis dans une trentaine d’établissements, suivent ainsi des cours d’initiation au gallo avec des enseignants particulièrement motivés. De toute façon, c’est maintenant ou jamais qu’il faut agir. »
Le jeune coordinateur, également bretonnant, veut en tout cas croire en l’avenir.
« Il y a des langues qui ont été données pour mortes, telles que l’hébreu ou le cornique (pratiqué dans les Cornouailles anglaises, ndlr) et qui sont aujourd’hui en parfaite santé. »
Le gros succès des concours de Menteries*, les nombreux doublages de films d’animation en gallo et le besoin sans cesse grandissant de traduction sont autant de rayons de soleil dans le jardin des gallésants qui poussent à un certain, mais tout de même relatif, optimisme.
La langue gallèse ne serait donc plus, et c’est tant mieux, « ce fardeau dont on doit se débarrasser » mais, au contraire, « une véritable richesse, une légitime fierté pour les Haut-Bretons. »

*Du Galo, dam Yan, dam vèr ! est une charte à destination des collectivités (40 l’ont déjà signée), associations et entreprises qui souhaitent mettre en œuvre des actions en faveur de l’usage et de la visibilité du gallo. Il s’agit là de donner un sens au territoire.
*Les concours de Menteries sont tout l’art de raconter « eune histouère pas ordinair ! » où la raillerie n’est jamais bien loin. Ils remportent un très gros succès et il n’est pas rare d’y refuser du monde.

Institut du Galo
26 rabine Pierre Donzelot
Rennes
06 69 18 86 66
institutdugalo.bzh