Petites chamailleries entre voisins

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Rappelons-le : le drapeau breton (Gwenn ha Du) créé entre 1923 et 1925 par Morvan Marchal est composé d'hermines et de neuf bandes horizontales noires et blanches. Chacune de ces dernières représente une province bretonne. Les blanches celles de Basse-Bretagne, les noires celles de Haute-Bretagne.

Ici, comme ailleurs, l’histoire entre voisins est parfois jalonnée d’incompréhensions, de jalousies et de chamailleries en tout genre. Et aussi de préjugés et de folklores. Les relations entre Gallos et Bretons ressemblaient bien souvent à une « Guerre des boutons », voire à une « querelle de bon voisinage ».* Aujourd’hui, pour beaucoup, tout cela semble bien loin. Quoique…

La galette-saoucisse est une spécialité du Pays gallo que l’on trouve maintenant (parfois) en Basse-Bretagne. (Photo DR)

. Commençons par le témoignage de cette dame de Tressignaux lors des Bistrots de l’Histoire qui se sont déroulés en 2009 à La Ville Andon de Plélo : « On m’avait toujours dit que passé la Ville-Gare (village de Plélo, ndlr), c’était l’étranger. Mais quand j’ai vu que pendant la guerre 39/45 les problèmes étaient identiques des deux côtés, je me suis sentie bête, vraiment bête. Je me suis aperçue que l’on était pareil… Mais pas quand même au point de me marier avec un Gallo.»
. Cette chanson, qu’il faut fredonner sur l’air de la célèbre Dérobée de Guingamp : 
« Les habitants de la Basse-Bretagne sont dégourdis comme des manches à balai.
Quand ils sont bêtes, on leur coupe la tête.
Quand ils sont fous, on leur coupe le cou.
Regardez donc comme ils ont l’air bête.
Regardez donc comme ils ont l’air… con. »
Sympa.
. Les bretonnants considéraient les Gallos comme des « sots bretons » et les accusaient (à tort, on l’espère) de « battre leur femme pour une bolée de cidre. »
. Bretons et Gallos ne consommaient pas le même pain : « Celui des bretonnants était à la levure et celui des Gallos au levain, explique Michel Guyomard, longtemps boulanger à Châtelaudren. Pour ma part, je n’ai jamais su lequel était le meilleur. »
. « La Brette » était le surnom donnée aux bretonnantes par les gallésants. Pas sûr que ce soit un compliment surtout dit en insistant bien sur le «La». La Brette était aussi considérée comme une dure.
. Le casse-croûte de 16h00 n’avait pas la même consistance à l’est ou à l’ouest de la frontière. Côté breton, il y avait d’abord un verre de vin, puis du café. Le tout avec d’innombrables charcuteries. Côté gallo, c’était plus sobre avec, seulement, une bolée.
. Longtemps, pour les Gallos, un berton était « juste bon à garder les vaches. » Alors que pour d’autres « c’était un sacré bosseur. »
. Amabilité des Bretons de l’ouest vis à vis de leurs voisins : « Tu te souviens comment c’était ici il y a cinquante ans ? Eh bien, tu vas du côté gallo aujourd’hui et tu auras une idée. » (propos recueillis par Jean Le Dû).
. Il y avait aussi ces bagarres régulières dans les bals alentour entre, notamment, les gars de Plélo et ceux de Bringolo. Il était en effet très, très mal vu de fréquenter une personne « de l’autre côté ».

  • Titre du Libération du 6 août 2006 sous la plume de Paul Quinio.