Lin et Chanvre : La nécessité d’une filière bretonne

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Si la Normandie assure aujourd’hui encore 80 % de la production française* de lin textile, il ne fait pas de doute que la Bretagne se fera dans les années à venir une place de choix dans cette filière.

« Il ne faut pas que nous rations le coche, car notre région est particulièrement appropriée pour ce type de culture, avec des sols adéquats et un climat humide », affirme Gonzague Dehaeze.
Se projeter dans l’avenir et mailler le territoire sont les objectifs de l’association Lin & Chanvre en Bretagne et de ses adhérents.
Les indéniables qualités environnementales et techniques de ces deux plantes incitent à l’optimisme.
« C’est bien simple : elles cochent toutes les cases », se félicite Andrée Le Gall-Sanquer.
« Et il y a depuis quelque temps déjà une émergence de nouveaux usages, poursuit-elle. Mais nous devons, en ce qui nous concerne, aller plus vite et changer de braquet. Il faut que nous puissions proposer en amont des débouchés sérieux, avant d’inciter les agriculteurs à se lancer dans cette activité qui ne peut être que complémentaire. »
Certains participent déjà à l’aventure à l’instar de Guillaume Letur qui, dans le Nord Finistère, cultive avec quelques collègues une centaine d’hectares de lin.
Il y a aussi dans les Côtes d’Armor de belles initiatives ici ou là.
« C’est une culture rentable, avec une petite part de risque, souligne Gonzague. Notre travail est maintenant de développer la mise en œuvre et de mutualiser les savoirs. »
En tout cas, les marchés sont bel et bien au rendez-vous. Beaucoup d’innovations vont dans ce sens. Dans le textile bien sûr, encore 90% de l’utilisation, mais aussi dans l’écoconstruction, l’agroalimentaire, la santé, les soins du corps, l’industrie et l’automobile.
« Par exemple pour les composites, assemblages de fibre et de résine, le lin peut remplacer avantageusement les fibres de verre et de carbone, » souligne Gonzague Dehaeze.
Et s’il reste encore beaucoup à faire pour aboutir à l’organisation d’une nécessaire filière bretonne, il semble qu’il y ait tout de même un vent porteur.
« On peut même parler de tempête, sourient Andrée et Gonzague. Nous sommes très très optimistes. » Et ce n’est pas Josselin Saliou, service civique de l’association, lui aussi totalement convaincu de l’avenir du lin et du chanvre en Bretagne, qui nous dira le contraire.

De belles qualités environnementales :
La culture du chanvre et du lin est écologique : pas besoin d’herbicide ni d’insecticide. Et c’est un véritable réservoir à biodiversité. Ces plantes fixent une quantité importante de CO2.
Les graines du lin oléagineux que l’on trouve en Bretagne sont très riches en Oméga 3 et 6, précieux pour l’alimentation humaine et animale.

  • La filière française est la première mondiale, avec 55 000 ha pour 75 000 tonnes de fibres.