Gilles Léhart, facteur d’instruments à vent à Bégard : De Trézélan à Tokyo, de New-York à Montréal

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. Gilles s’est installé dans le Trégor, il y a 32 ans, car il venait très souvent y jouer dans les fest-noz et y avait la plupart de ses copains. . Il lui faut environ une semaine pour fabriquer une flûte traversière complète. « Il s’agit d’un travail de haute précision », dit-il. Ces instruments, aux sons doux et chaleureux, sont d’ailleurs des œuvres uniques. . Il est à noter que Gilles ne regrette absolument pas d’avoir étudié la langue anglaise à la fac, celle-ci lui étant précieuse pour la commercialisation de son travail.

Les flûtes traversières fabriquées par Gilles Léhart connaissent un destin international : les Amériques et le Japon pour certaines, le Canada, l’Irlande ou la Bretagne pour d’autres. C’est dire si la flatteuse réputation du facteur d’instruments à vent de Trézélan dépasse largement les frontières de notre région.

Ses flûtes traversières en bois, dont la marque de fabrique est sans nul doute leur bague en cuivre, prennent vie dans le modeste atelier qui jouxte sa belle maison en pierre de Trézélan. C’est donc dans la campagne bégarroise que l’artisan exerce son talent, qu’il adapte avec sensibilité les sonorités souhaitées par ses clients du monde entier.
L’idée est ici de trouver le juste son. Et là, Gilles s’avère être un expert. « Je peux faire une dizaine de tonalités, du la grave au sol aigu. »
Il faut préciser que Gilles Léhart est lui-même un excellent musicien. Il a, du reste, été champion de Bretagne des sonneurs en couple à Gourin en 2010 avec Daniel Philippe et il continue encore et toujours à faire danser dans les fest-noz en compagnie, notamment, de son compère Julien Moal.
« À mon avis, il n’est pas possible de faire de bons instruments si l’on n’a pas l’oreille musicale. »
Si par le passé, Gilles a façonné nombre de binious et de bombardes, il s’est depuis quelques années spécialisé dans les flûtes traversières. Exclusivement.
« Je ne fais plus que cela. J’ai énormément de commandes et les délais de livraison sont au minimum d’un an », explique-t-il. La « faute » à un formidable bouche-à-oreille.
Le premier à lui avoir passé de telles commandes fut Jean-Michel Veillon, précurseur de la flûte traversière en Bretagne et virtuose de grande renommée. Nous étions en 1989. « Il ne trouvait personne dans le coin pour les lui fabriquer. »
Gilles s’est alors penché sur le sujet et, après quelques tâtonnements, a vite maîtrisé les tenants et les aboutissants de cet incroyable instrument. Le travail, tout en précision, se fait avec des tours et des fraiseuses à métaux. Ce qui peut paraître surprenant. Mais au final, pas tant que cela car le bois utilisé, l’ébène du Mozambique, s’avère particulièrement robuste.
Cette vocation de facteur d’instrument lui est venue très, très jeune. « À 13 ou 14 ans, je jouais déjà de la bombarde et du biniou et je souhaitais leur apporter quelques modifications afin de les améliorer. » Il a alors commencé à bricoler dans le garage de ses parents, à Ploufragan. Pour lui, puis pour ses copains. « J’ai démarré de zéro. Au début, ce n’était pas terrible », avoue-t-il. Il a tout de même persévéré et trouvé de belles astuces. Et, quelques années plus tard, il en faisait son métier. À l’âge de 22 ans. Sans formation aucune.

Gilles (ou Jil) Léhart
Luthier, facteur d’instruments à vent
Kernijen Bégard (Trézélan)
02 96 45 36 03