Créée en 1900, la distillerie Warenghem (son créateur était ch’ti) s’est d’abord illustrée par son lambic (Fine de Bretagne) et ses liqueurs, dont l’Elixir d’Armorique, sorte de chartreuse aux 35 plantes exportée partout en France. Mais dans les années 80, la liqueur n’a plus la cote. Pour remonter la pente, le repreneur Gilles Leizour se lance dans un pari fou: le whisky breton.
« A l’époque, c’était osé, rappelle David Roussier, le jeune patron, seuls les Ecossais et les Irlandais en faisaient. Imaginez les Anglais se mettant à faire du vin ! »
Mais après tout, il n’y a pas de chasse gardée et l’orge pousse partout. Restait donc à apprendre en Ecosse puis à affiner la recette. « Ils ont tâtonné, reconnaît-il. Les premiers résultats étaient moyens, ça a longtemps collé à la peau de l’entreprise. »
Mais les Bretons sont têtus et, dans les années 90, ils se sont attelés à la qualité.
D’abord la méthode : écossaise toujours, artisanale encore, malgré des volumes croissants, le « nez » et l’expérience se sont affinés.
En alternant les fûts, neufs, venant du dernier tonnelier breton, ou empreints de bordeaux, pinot ou vins de Loire, le premier whisky français sur la liste est aussi devenu le premier au tableau d’honneur: l’Armorik single malt a été désigné meilleur whisky européen en 2013 (hors écossais et irlandais) et, en dépit de l’explosion des distilleries, meilleur whisky français en 2017…
Orge française, bientôt bretonne, sûrement bio un de ces jours…
Quant à monter sa propre malterie, l’idée travaille David, « mais avec 120.000 litres par an, ça ne peut qu’être un gros projet ».
Dans les caves, magasins ou à la boutique on peut se faire une idée concrète de la qualité acquise en 35 ans d’âge, mais aussi celle des liqueurs, fines, chouchen et bière ambrée.
Warenghem
Rond-point de Boutil
Lannion 02 96 37 00 08.
Boutique ouverte tous les jours. Visites possibles toutes les heures.