Les rouages de l’essor trégorrois

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Après son âge d’or, le Trégor a maintenu son activité toillière grâce à ses très nombreux moulins le long du Léguer, Jaudy, Leff ou Trieux. Moulins teilleurs de lin, mais pas uniquement.

Depuis le XVIe, l’économie locale vivait au rythme de l’artisanat des toiles de lin par les paysans-tisserands. Le climat doux et humide y favorisait la culture d’un lin mondialement apprécié, surtout pour les voiles des bateaux. Et les toiles du Trégor-Goëlo étaient reconnues les meilleures de Bretagne. Le XVIIe marque l’apogée de la production. L’apparition du coton (puis des fibres synthétiques) va amorcer un déclin dès le XVIIIe, mais la toilerie bretonne s’adapte comme elle peut. Les petits producteurs de lin se mécanisent. Le teillage hydraulique, alternative à la machine à vapeur, favorise la construction ou la reconversion de moulins des rivières moyennes. Leur nombre est considérable. Le teillage est un savoir-faire à la croisée de l’activité rurale et de la production industrielle qui s’impose au XIXe. L’industrie toilière bretonne disparaît presque entièrement vers 1950. Le dernier teilleur, François Le Moullec, au moulin du Palacret, a raccroché en 1983. Un moulin toujours en état pourtant…

A Buhulien, ça turbine toujours
Vers 1590, le moulin situé entre Lannion et Ploubezre fournissait en farine le château de Coatfrec, sur l’autre rive. Plus d’une fois les meuniers ont été pillés lors des guerres de la Ligue. De 1820 à 1850, le lieu devient papeterie. Dix ouvriers y produisaient 2150 rames de papier l’an. Puis on y teille le lin jusqu’à la mi-XXe avant la transformation en… abattoir de volailles. Aujourd’hui, la turbine remise à jour fournit aux propriétaires leur électricité. Et ceux-ci ouvrent volontiers leur porte aux visiteurs : 02 96 46 19 51.

Le Palacret, teilleur sur le tard
Moulin à grain depuis probablement la commanderie hospitalière installée au XIIe sur le Jaudy, le Palacret en garde la vocation après la Révolution qui voit le domaine se morceler. Les propriétaires s’y succèdent et on y moud le grain jusqu’à la moitié du XIXe. En 1881, la famille Le Moullec le transforme en atelier de teillage du lin, avec des activités parallèles de scierie. Le teillage était une activité dangereuse, les doigts manquants de François, le dernier teilleur en témoignent. Le mécanisme a été rénové et ses descendants font des démonstrations publiques.

Le moulin de Buhulien (ci-dessus) est ouvert aux visiteurs. On peut y voir notamment une magnifique turbine. A droite, François Le Moullec, le dernier teilleur du moulin du Palacret (DR).
Le moulin de Buhulien (ci-dessus) est ouvert aux visiteurs. On peut y voir notamment une magnifique turbine. A droite, François Le Moullec, le dernier teilleur du moulin du Palacret (DR).

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www.palacret.com